Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

le buisson des bois, et les fleurs laisseront tomber leur croix de sang, quand elles entendront : " Ahasvérus est mort ! Ahasvérus est mort ! " et le veilleur, quand il ouvrira la porte de la ville, m’appellera, sans me réveiller, avec sa cornemuse.



Chœur de Bourgeois de la ville, sur les murailles.

Maître, qui vous arrête ? Qu’attendez-vous sur
cette borne ? Entrez céans dans notre ville de haut prix. De voyageur qui marche si tard, jamais nous n’en avons vu, ni de si las, ni de si beau. D’où venez-vous ? Du mont d’Arménie, ou de Rome, la terre lointaine ? Qui êtes-vous ? Où faites-vous votre demeure ? Très-volontiers nous l’apprendrons, si vous n’en faites pas mystère.



Ahasvérus.

Mon voyage commence à peine.



Chœur de Bourgeois.

Par cette ogive ciselée, entrez dans ma maison.

Le vin vous y plaira ; dans ma cruche la bière de houblon est fraîche, et verdoyante, et écumante. Le pain y est fait de blé nouveau et tout coupé sur la nappe. Autour de la table, ma femme nous servira dans des plats de terre peinte, et ma fille, aux cheveux lisses, aussi en portera.

Ne pleurez pas, beau voyageur ! Si vous êtes un maître imagier ou foliacier sans ouvrage, je veux faire un beffroi au milieu de la ville ; c’est vous qui le taillerez. Si vous êtes un maître tourier, je veux bâtir une tour à mon église pour que les anges y demeurent ; c’est vous qui la ferez.



(entre Ahasvérus.)



Asseyez-vous à cette place. Des nouvelles, vous