Toi, ne parle pas. Tu ne sais pas ce que je fus.
Deuxième partie du Chœur.
Ni toi, ce que je suis.
Tout le Chœur.
Ni toi, ni lui, quel je serai. Allez ! De vos
discordes, sans m’inquiéter, je ferai mon
harmonie. Arrière seulement vos viles
générations, fouettées en naissant, dans
vos maisons, avec le fouet de l’étranger !
De vous, ni d’elles, je ne veux que vos enfants,
seul bien que vous n’ayez pas encore souillé.
France sans peur, nid de courage et non pas de
couardise, écoutez-moi : dame de vraie beauté,
il se fait tard ; levez-vous donc, que le monde
vous attache vos cordons à vos souliers. Au
bal il vous faut aller mener la danse, non des
morts, mais des vivants ; non des bourgeois,
mais des empires. Poussière d’hommes, poussière
de rois, poussière de dieux, poussière de rien,
ne craignez pas de nous fouler : en riant,
broyez sous vos pieds nos regrets, nos désirs,
nos terreurs et nos espérances tombées de
leurs tiges. L’Orient déshabité vous attend
sans bouger ; l’Amérique aussi est prête ;
et demain et toujours faites tourner autour
de vous la ronde des nations sous l’harmonie
de votre ciel.
Mais vous, rois coiffés de rubis, la fête n’est
pas pour vous. Aussi, que vous ai-je fait que
vous m’ayez si méchamment faussé ? Je vous ai
donné le vin, vous m’avez rendu la lie ; je
vous ai donné le pain, vous m’avez rendu la
cendre ; je vous ai donné ma fleur, vous
m’avez rendu