et notre vigne, nous remplirons pour la pâque nos outres de notre vin du Carmel.
Ahasvérus, seul.
Où sont-ils ? Où est la foule ? Reviens,
Jésus de Nazareth, écoute-moi. Que je te
parle une fois encore ! Je m’appelle
Ahasvérus, fils de Nathan. Ma tribu est de
Lévi. Quel autre nom m’a-t-il donné ? Qui le
sait ? Qui l’a entendu ? Qui s’en souvient ?
Herbe du chemin, ne le dis pas à la plante
de mes pieds, si tu ne veux pas être arrachée ;
pierre de mon seuil, ne le dis pas à mes
sandales, si tu ne veux pas être brisée ;
sillon de mon champ d’héritage, ne le dis
pas à ma charrue, si tu ne veux pas être
comblé.
N’a-t-il pas attaché à ma tête une auréole
brûlante ? Non ; c’est le vent du désert qui
souffle dans mes cheveux. N’a-t-il pas mis
dans ma main une coupe pleine de larmes ?
Non ; c’est la pluie du Carmel qui l’a
remplie jusqu’au bord. Que me fait le désert,
que me fait le Carmel ? Je rentrerai dans ma
maison où la pluie n’arrive pas ; je monterai
mon escalier où le vent ne monte pas.
Partir ! Pourquoi partir ? L’eau de mon puits
est trop fraîche ; mon dattier a trop d’ombre.
Ailleurs où trouverais-je un autre pays de
Juda ? Demain je noierai dans le vin de ma
vigne le souvenir du porte-croix. J’effacerai
avec mon ciseau la trace de ses pieds qu’il
a laissée sur le pavé. D’avance, je vois
ma table pleine ; pas