Adieu, reine de Saba, ne pleurez pas. Je pars en
messager, avec mes gendres, les rois mages.
D’aventure, si je meurs dans le voyage,
embaumez-moi avec du baume de Syrie ;
mettez-moi, tout habillé, dans une pyramide
d’émeraudes aussi haute que les pyramides de
Memphis. En m’attendant, rendez vous-même la
justice à qui vous la demandera. écoutez les
deux parties sans faire entre elles de
différence ; que fortune, infortune vous
soient même chose, et sachez qu’un archer
loyal vaut mieux que cent cavaliers félons.
Apprenez à vos deux filles à filer le coton
et à laver le lin. Si vous les mariez, gardez
bien que votre gendre ne commande où je suis
maître. Bâtissez une pagode pleine d’amulettes.
Ayez soin de mes chariots, de mes tours à
éléphants, de mes braves hommes de guerre et
de mon écuyer, pour que je trouve, en revenant,
mon royaume grandi en puissance comme vous
en sagesse.
La Reine De Saba.
Monseigneur, revenez tôt. Ah ! Je n’aurai mie
sommeil sans vous.
Melchior, Roi De Perse.
Mes griffons, restez après moi pour fermer les
portes de ma ville, quand je n’y serai plus.
Si un roi vient l’assiéger, allumez sur la
montagne une flamme de bruyère pour me faire
un signal. Que mes femmes, matin et soir,
chantent pour moi une prière avec leurs lèvres
de jasmin,