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DU MANGEUR D’OPIUM

ford. Elles étaient, prétendait-on, au nombre de trente ou plus, et cinq ou six seulement de ces chaires étaient données comme n’étant pas absolument des sinécures. Cette accusation-là n’est pas de celles que je compte discuter ici. Je ne cherche point maintenant à établir si elle est soutenable ou non. Ce que je me propose de rectifier ici, c’est la manière pratique d’interpréter et de présenter cette accusation. Dans la plupart des Universités, excepté celles d’Angleterre, les professeurs forment un corps sur lequel tombe toute la tâche, toute la charge de l’enseignement ; ils en sont la source unique, et cette source tarie, on est parfaitement en droit d’affirmer que l’un des buts essentiels de l’institution est manqué. Mais cette conclusion, rigoureusement juste partout ailleurs, ne l’est point pour Oxford ou Cambridge. Et là aussi, la différence a son origine dans la distribution toute particulière de ces corps en collèges distincts et indépendants.

Chaque collège prend à sa charge l’enseignement régulier de ses élèves particuliers — de ceux-là seulement, et il désigne pour cet office, en apportant un grand soin dans le choix, l’examen et l’épreuve, ceux de ses seniors qui lui paraissent les plus capables et qui veulent bien accepter un poste comportant cette lourde responsabilité. Ces fonctionnaires portent le nom de tutors ; leurs devoirs et leur direction les mettent en rapport non pas avec l’Université prise en bloc, mais avec leur collège particulier. D’autre part, les professeurs sont des fonctionnaires publics qui, au moins au point de vue de l’exercice de leur emploi, n’ont jamais affaire à aucun collège particulier — pas même à celui dont ils peuvent faire partie ; ils