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CRISTAL


A Émile Gallé.




Noire sur le cristal pâle et gris comme un ciel
D’hiver, la libellule énigmatique éploie
Les ailes dans l’air lourd et pestilentiel.
Ses immobiles yeux sans tristesse et sans joie
Cherchent sinistrement une invisible proie
Et planant sur l’eau verte et morte des marais
Vers vos calices d’or, de pourpre et de ténèbres,
Elle vole vers vos calices à jamais,
Glauques fleurs qui nagez sur des étangs funèbres
Où se mire le deuil des pins et des cyprès.