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ôté la vie morale, leur laissât encore l’existence matérielle, en leur permettant de servir de jouets et de passe-temps ; car en vain s’imaginerait-on qu’une grande perfection relèverait à ses yeux le prix de leurs ouvrages. S’ils devaient se borner à la vaine démonstration d’un savoir abstrait, et sans application aux besoins moraux de la société, la raison, pesant ce mérite dans la balance des besoins physiques et positifs, nous forcerait encore de n’y voir que des riens dispendieux, que de pompeuses bagatelles, où le génie se tourmenterait pour donner à des caractères insignifians une perfection oiseuse.


Pour que ces Arts soient dignes de l’homme, il faut donc qu’ils lui soient utiles d’une utilité morale ; et pour les rendre tels, il les faut considérer dans leurs rapports avec les impressions touchantes, élevées et salutaires qu’ils peuvent produire sur notre âme. Si tel doit être leur emploi, si leur plus belle destination est de s’adresser à la partie la plus noble de l’homme, pourrait-on traiter de futile et d’indifférente cette harmonie de tous les moyens avec la fin qui en dépend ? Pourrait-on ne pas désirer ou regretter cet accord complet des