Page:Quérard - La France littéraire, t. 6, 1834.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.
iii


s’inquiéter si ces notices ne feraient pas de doubles emplois avec celles déjà imprimées : et ce qui a été dit plus haut prouve qu’ils seront en très-grand nombre. Nous ne voulons rien préjuger de l’exécution de ce prétendu Supplément, mais nous craignons pourtant que, tout en ne comblant pas déjà les lacunes qui existent dans le livre qu’il doit continuer, première condition que devait pourtant remplir cet ouvrage, il ne rappelle que trop les Suppléments donnés par les abbés de la Porte et Guiot à la France littéraire de 1769. Le même goût se trouve rarement porté chez plusieurs personnes au même degré ; cette courageuse et longue persévérance qui tient lieu de charme jusque dans un travail rebutant ; et, ce qui est encore plus rare par le temps qui court, cette abnégation totale de ses intérêts, sont des qualités difficiles à trouver réunies : elles sont indispensables pour réussir en bibliographie.

Aucun motif d’intérêt n’a dicté les précédentes réflexions ; car on serait grandement dans l’erreur, en considérant la France littéraire comme une spéculation mercantile : c’est un monument en l’honneur de la France, élevé par l’auteur, de concert avec ses éditeurs ; son édification n’emporte avec elle aucune idée de lucre. L’auteur y a consacré les vingt années les plus profitables de la vie d’un homme, et son avenir tout entier : le désintéressement de MM. Didot a fait le reste. Les uns et les autres tiennent à honneur de remplir dignement le but qu’ils se sont proposé. C’est assez dire que ce livre ne peut avoir rien de commun avec tout extrait ou supplément qu’on en pourrait publier, parce que, dans ce cas, nul doute que la soif de l’argent ne soit plutôt le motif de ces publications que l’intérêt exclusif de la science.


Paris, ce 1er août 1834.