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pas avoir de réponse à ma lettre. » Néanmoins, cela me rappelait la lettre, et je lui répondais. Je voulais tâcher, pour qu’on ne pût me croire ingrat, de mettre ma gentillesse actuelle au niveau de la gentillesse que les gens avaient pu avoir pour moi. Et j’étais écrasé d’imposer à mon existence agonisante les fatigues surhumaines de la vie.

Cette idée de la mort s’installa définitivement en moi comme fait un amour. Non que j’aimasse la mort, je la détestais. Mais, après y avoir songé sans doute de temps en temps, comme à une femme qu’on n’aime pas encore, maintenant sa pensée adhérait à la plus profonde couche de mon cerveau si complètement que je ne pouvais m’occuper d’une chose, sans que cette chose traversât d’abord l’idée de la mort et même, si je ne m’occupais de rien et restais dans un repos complet, l’idée de la mort me tenait compagnie aussi incessante que l’idée du moi. Je ne pense pas que, le jour où j’étais devenu un demi-mort, c’étaient les accidents qui avaient caractérisé cela, l’impossibilité de descendre un escalier, de me rappeler un nom, de me lever, qui avaient causé, par un raisonnement même inconscient, l’idée de la mort, que j’étais déjà à peu près mort, mais plutôt que c’était venu ensemble, qu’inévitablement ce grand miroir de l’esprit reflétait une réalité nouvelle. Pourtant je ne voyais pas comment des maux que j’avais on pouvait passer sans être averti à la mort complète. Mais alors je pensais aux autres, à tous ceux qui chaque jour meurent sans que l’hiatus entre leur maladie et leur mort nous semble extraordinaire. Je pensais même que c’était seulement parce que je les voyais de l’intérieur (plus encore que par les tromperies de l’espérance) que certains malaises ne me semblaient pas mortels, pris un à un, bien que je crusse à ma mort, de même que ceux qui sont le plus persuadés que leur terme est venu sont néanmoins persuadés aisément que, s’ils ne peuvent pas prononcer