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lant et nacré, avait çà et là quelque chose de hérissé, de déchiqueté et de velu qui faisait penser à l’ébouriffage des œillets dans le vase. Mais surtout on sentait qu’Elstir, insoucieux de ce que pouvait présenter d’immoral ce travesti d’une jeune actrice, pour qui le talent avec lequel elle jouerait son rôle avait sans doute moins d’importance que l’attrait irritant qu’elle allait offrir aux sens blasés ou dépravés de certains spectateurs, s’était au contraire attaché à ces traits d’ambiguïté comme à un élément esthétique qui valait d’être mis en relief et qu’il avait tout fait pour souligner. Le long des lignes du visage, le sexe avait l’air d’être sur le point d’avouer qu’il était celui d’une fille un peu garçonnière, s’évanouissait, et plus loin se retrouvait, suggérant plutôt l’idée d’un jeune efféminé vicieux et songeur, puis fuyait encore, restait insaisissable. Le caractère de tristesse rêveuse du regard, par son contraste même avec les accessoires appartenant au monde de la noce et du théâtre, n’était pas ce qui était le moins troublant. On pensait du reste qu’il devait être factice et que le jeune être qui semblait s’offrir aux caresses dans ce provocant costume avait probablement trouvé piquant d’y ajouter l’expression romanesque d’un sentiment secret, d’un chagrin inavoué. Au bas du portrait était écrit : Miss Sacripant, octobre 1872. Je ne pus contenir mon admiration. « Oh ! ce n’est rien, c’est une pochade de jeunesse, c’était un costume pour une revue des Variétés. Tout cela est bien loin. — Et qu’est devenu le modèle ? » Un étonnement provoqué par mes paroles précéda sur la figure d’Elstir l’air indifférent et distrait qu’au bout d’une seconde il y étendit. « Tenez, passez-moi vite cette toile, me dit-il, j’entends Madame Elstir qui arrive et bien que la jeune personne au melon n’ait joué, je vous assure, aucun rôle dans ma vie, il est inutile que ma femme ait cette aquarelle sous les yeux. Je n’ai gardé cela que comme un document amusant sur le