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Peut-être le calcul serait-il juste, et comme républicain j’aurais bouche close, si l’Italie, délivrée de l’Autriche et de ses princes, Victor-Emmanuel y compris, avait dû rester in statu quo, c’est-à-dire former comme auparavant sept États différents, sept gouvernements. Nous eussions été alors en pleine fédération. Mais c’est justement ce que ne veulent pas nos tribuns à mines régicides, pour qui il s’agit avant tout de ramener l’Italie à l’unité politique. Leur idéal, dont ils n’ont garde d’apercevoir la contradiction, est d’accoupler ensemble la Démocratie et l’unité. Dans ce but que proposent-ils ? D’écarter d’abord six prétendants, à peu près comme en Turquie, à la mort du sultan, on assure la couronne au fils aîné par le massacre de ses frères. Cela fait, ajoutent-ils, la république aurait facilement eu raison de Victor-Emmanuel. Mais ici je demande qui me garantit le succès du complot ? Il est clair que la monarchie gagnant en puissance ce qu’elle aura perdu en nombre n’a rien à craindre des conspirateurs. On ne vient pas à bout d’un aiglon comme de sept rossignols. Et quand le but de la démocratie italienne aurait été précisément de faire servir les six princes proscrits d’escabeau à Victor-Emmanuel, pouvait-elle s’y prendre autrement ? L’unité n’est pas faite, tant s’en faut ; Victor-Emmanuel ne règne encore que sur les trois quarts de l’Italie, et déjà il est bien plus fort que les démocrates. Que lui peuvent maintenant et Garibaldi, et Mazzini ?... Admettant d’ailleurs que ce coup si bien monté eût réussi, qu’y aurait gagné la liberté ? L’unité, c’est-à-dire la monarchie, l’empire, en eût-elle été moins faite, la république moins exclue ?... La vérité est que les néo-jacobins ne se soucient pas plus en 1863 de la république,