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Il demande à la Commission de vouloir bien émettre un vœu tendant à faire réserver, par le service d’Architecture, un exemplaire de tous les modèles d’appuis de fenêtre en for forgé présentant un intérêt artistique, à provenir des vieilles maisons à exproprier.

Ces modèles, destinés à l’école Diderot, seraient fixés sur les surfaces inutilisées des murs des ateliers, des cours, des préaux, les uns à côté des autres, de façon à y réunir la plus grande variété possible de tous les styles. Ils seraient ainsi à la portée de la vue des élèves qui pourraient s’en entretenir et au besoin s’en inspirer. Il y serait également ajouté, dans les mêmes conditions de provenance et d’installation, des spécimens de rampes d’escalier en fer forgé, dont on pourrait, par exemple, fixer la longueur de chaque échantillon à deux mètres courants.

M. Lucien Lambeau insiste sur l’intérêt qu’il y aurait, selon lui, à organiser à l’école Diderot une collection de ce genre, peu coûteuse d’ailleurs, puisque les matériaux seraient donnés par la Ville, et qui constituerait une sorte de musée pratique du fer au milieu duquel travailleraient les jeunes apprentis.

Dans le même ordre d’idées, il voudrait que chose semblable fût faite pour l’école Boulle qui a, dans ses attributions, la sculpture sur bois. Il rappelle que dans les nombreuses excursions organisées par la lre Sous-commission dans dés immeubles à exproprier, notamment dans les anciens hôtels de la rue de Varenne, de belles boiseries finement sculptées des XVIIe et xviiie siècles ont été rencontrées par la Commission, dont quelques-unes seulement furent réservées pour le musée Carnavalet.

D’autres, des plus intéressantes parmi celles qui restaient, auraient pu être retenues pour l’école Boulle dans les conditions indiquées plus haut pour celle du boulevard de La Villette.

Il pense qu’il serait peut-être possible de trouver, dans cette école, sans nuire bien entendu à son fonctionnement, des surfaces de mur, soit dans les ateliers, soit dans les préaux, comme il l’a indiqué pour l’école Diderot, sur lesquelles, au lieu de la nudité du plâtre ou de la pierre, on appliquerait, au grand profit des jeunes ouvriers, les nombreuses boiseries sculptées que la Commission rencontre au hasard des expropriations et qui constituent des échantillons précieux du travail du bois aux siècles derniers.

On pourrait y ajouter quelques fragments des belles rampes en bois du xviie siècle aux balustres si diversement dessinés et qui font toujours l’admiration de la Commission chaque jois qu’elle en rencontre dans ses excursions.

La direction des services municipaux d’Architecture est toute disposée, d’ailleurs, à réserver, lors des expropriations, tous les matériaux qu’on lui indiquera, ainsi que la chose a déjà été faite pour les collections de la Ville.

M. Lucien Lambeau appelle donc l’attention de la Commission sur cette idée de réunir dans les deux écoles professionnelles municipales Diderot et Boulle des échantillons bien choisis et présentant un intérêt artistique, des matériaux, soit de fer, soit de bois, ayant servi à la décoration et à l’ameublement du vieux logis parisien. Il rappelle combien, aux siècles derniers, aux XVIIe et XVIIIe, qui l’intéressent plus particulièrement, parce que ce sont ceux qui ont laissé le plus d’échantillons de ces matériaux, ces ouvrages étaient soignés et avec quel goût ils étaient conçus ; il lui paraît inutile, également, d’insister longuement sur l’intérêt et l’utilité que présenteraient des collections do ce genre, placées à tout instant sous les yeux de jeunes apprentis, non pas pour les copier, mais pour apprendre à les apprécier et à les connaître.

Il ajoute qu’il doit être bien entendu que sa proposition ne nuirait en rien au musée Carnavalet, qui conserverait, comme par le passé, son droit de priorité sur la revendication des matériaux d’art à provenir des démolitions.

Si la Commission adoptait son projet de voeu, il lui demanderait de le transmettre à la 4e Commission du Conseil municipal, qui a dans ses attributions l’administration des écoles professionnelles et qui, mieux encore que la Commission du Vieux Paris, en connaît les besoins et les aspirations.

M. Selmersheim appuie vivement la proposition de M. Lucien Lambeau ; il estime que les jeunes apprentis des écoles professionnelles de la Ville n’auraient qu’à gagner à être entourés des échantillons des vieilles industries parisiennes du fer et du bois, dont le bon renom est encore très vivace de nos jours.

Le projet de vœu est adopté et sera notifié à M. le président de la Commission de l’Enseignement du Conseil municipal.

M. Alfred Lamouroux dit que si ce voeu

était adopté par le Conseil municipal, les matériaux à recueillir pourraient, si la chose