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Cette assertion n’étant accompagnée d’aucune référence justificative, il y avait lieu de la soumettre à un sérieux examen.

Il a semblé que s’il y avait chance de découvrir des documents relatifs à l’inhumation de Turgot à Bons, c’était dans cette localité qu’il convenait de les chercher. Peut-être les registres de l’état civil mentionnaient-ils, du moins à titre officieux, l’arrivée à Bons du corps de Turgot ; peut-être trouverait-on une ou plusieurs délibérations de la municipalité relatives aux réquisitions de plomb en général, à l’exhumation du cercueil de Turgot en particulier ; peut-être existait-il encore des pièces de comptabilité de la fabrique dans lesquelles une mention de recettes ou de dépenses fournirait la preuve du fait avancé pour la première fois par M. Léon Say, peut-être, enfin, trouverait-on dans l’église ou dans le cimetière de Bons un monument commémoratif du transport de Turgot.

Les archives de la mairie de Bons sont peu nombreuses ; elles ne sont point classées ; l’humidité les a déjà sensiblement détériorées et menace de les faire entièrement disparaître à bref délai si des mesures ne sont pas bientôt prises pour en assurer la réelle conservation.

Les documents de l’administration municipale à l’époque révolutionnaire y sont en très petit nombre ; on peut signaler, d’autre part, une liasse de pièces de procédure relatives au procès intenté par la commune à Anne-Étienne-Michel Turgot au sujet de biens réputés communaux et prétendus usurpés par son père Étienne-François Turgot.

La presque totalité des archives de Bons est constituée par les registres de l’état civil, qui commencent à l’année 1613, avec une lacune pour les années 1724 à 1736.

Vers 1835 on a établi de ces registres un répertoire alphabétique en trois sections : naissances, mariages, décès. Ce répertoire a été exécuté avec un soin parfait ; il signale exactement tous les actes contenus dans les registres, sans omettre certaines mentions, de décès, par exemple, survenus ailleurs qu’à Bons, mais intéressant la famille seigneuriale du lieu.

On trouve dans ces registres :

1° Trois actes de baptême :

a) 11 novembre 1782, naissance de Marie-Françoise-Renée, fille d’Étienne-François ;

b) 29 août 1788, Anne-Marguerite-Caroline, fille d’Anne-Étienne-Michel ;

c) 25 novembre 1789, Étienne-Louis-Anne-Gabriel, frère de la précédente.

2° Deux actes de mariage : celui de Marie-Victoire, fille d’Étienne-François, mariée le 26 août 1775 à Henri-René d’Angerville, et celui de sa sœur, Marie-Anne-Adélaïde, qui épousa, le 22 mai 1780, Jean-Antoine de Costard de La Ranconnière, chevalier, officier de cavalerie au régiment du Commissaire général.

3° Deux actes de sépulture :

a) Michel-Jacques, marquis de Sousmont, président honoraire au parlement de Paris, mort le 28 septembre 1773, inhumé dans l’église de Bons le lendemain ;

b) Étienne-François, qualifié chevalier de Saint-Louis, baron de l’Aulne, mort au château de Bons, le 25 décembre 1788, inhumé le lendemain dans le chœur de l’église.

4° Deux mentions de décès : celui de Jacques Turgot, dont la date du décès est complétée par l’indication de l’heure même, Paris, 23 mai 1659, neuf heures du matin ; et celui de Nicolas Turgot, seigneur de Lanteuil, conseiller du Roi, président au parlement de Normandie, mort, le 5 octobre 1660, à l’abbaye des Deux-Amants.

5° Divers renseignements fournis sur certains membres de la famille par les actes dans lesquels ils ont été appelés à figurer :

a) Étienne-François s’est fixé à Bons entre 1766 et 1774 ;

b) Le 29 août 1788, Anne-Étienne-Michel est qualifié officier aux gardes-françaises ;

c) Le 11 novembre 1782, Marie-Françoise-Renée est marraine d’un enfant étranger à la famille ;

d) Michel-Jacques avait épousé Gabrielle-Élisabeth Galland, qui fut, le 1er décembre 1789, marraine d’Étienne-Louis-Anne-Gabriel, son petit-neveu ; elle se fit représenter à cette cérémonie par Marie-Anne-Adélaïde, dame de Costard.

Aucune mention ne figure dans les registres de Bons qui concerne Anne-Robert-Jacques.

D’autre part, on lit dans la Statistique de l’arrondissement de Falaise, t. II, p, 185, ouvrage publié par Galeron avant 1830 (du moins le fascicule contenant la description de l’église de Bons), ces lignes :

« Sous une des chapelles se trouve le caveau de la famille Turgot. Le gouverneur de Cayenne et son frère aîné, le président du parlement de Paris, y reposaient dans des cercueils de plomb. À l’époque révolutionnaire on les exhuma et ils furent jetés dans les fosses du cimetière par les vandales de cette époque. »