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Cette lettre est ainsi conçue :

« Paris, le 4 novembre 1898.
Monsieur le Président,

C’est avec le plus grand intérêt que je suis le compte rendu de vos savants travaux sur le vieux Paris ; j’ai lu que vous vous occupiez des dérivations d’eau anciennes. Permettez-moi de vous signaler une petite dérivation peu connue que j’ai mise à découvert en 1886 eu reconstruisant l’égout de la rue du Faubourg-Poissonnière.

Cette dérivation était constituée par un tuyau en poterie de 0 m. 075 de diamètre intérieur noyé dans un massif en mortier de chaux et tuileaux affectant dans sa section une forme rectangulaire terminée par un demi-cercle à sa partie supérieure.

Un fragment a été transmis à cette époque au musée Carnavalet.

Cette canalisation a été trouvée intacte rue du Faubourg-Poissonnière entre les rues de Bellefond et de Dunkerque en 1886. En 1896 des fouilles assez profondes faites pour la construction de l’immeuble 44, rue de Dunkerque, ont mis à jour cette ancienne conduite qui se trouvait dans la propriété à environ 5 mètres de profondeur. Elle était oblique par rapport à la rue de Dunkerque et semblait se diriger du faubourg Poissonnière à la place du Delta.

Je n’ai pu retrouver aucune indication de cette canalisation, sauf une présomption. Sur le plan de Fer (Atlas des places fortifiées de France) carte Paris, où un trait fort part de l’enclos Saint-Lazare et suit la rue du Faubourg-Poissonnière jusqu’à la limite du plan, indique peut-être le tracé de cette dérivation.

Faute d’indications précises, il me paraît vraisemblable qu’elle avait été établie pour amener les eaux de Montmartre au couvent Saint-Lazare.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma respectueuse considération.

G. Levassor,
conducteur attaché à la 3e section, rue Rochechouart, 53. »

M. le Président pense qu’il serait utile de rechercher au musée Carnavalet le tuyau en poterie dont il est question et d’y ajouter un certificat d’origine d’accord avec la lettre dont il vient de donner lecture.

M. Charles Sellier rappelle, à propos de cette découverte, que, en 1895 ou 1896, on a déjà trouvé rue de Bellefond un tuyau de poterie analogue, que la Société d’histoire et d’archéologie du 18e arrondissement « le Vieux Montmartre » a recueilli dans ses collections. Cet objet est regardé comme le fragment d’une conduite qui devait amener des eaux.venant de Montmartre jusqu’à la maison religieuse de Saint-Lazare.

M. Tesson ajoute à ce sujet que Belgrand, dans son étude sur les traces de l’aqueduc romain de Chaillot, parle des deux grands réservoirs, également romains, retrouvés en 1782 et qui occupaient une partie de l’emplacement du Palais-Royal.

Dans l’embarras où l’on se trouvait de pouvoir indiquer l’origine des eaux d’alimentation de ces vastes bassins, l’on avait supposé que la conduite de Chaillot, repérée jusqu’au milieu de la place de la Concorde, avait pu se prolonger jusqu’au Palais-Royal.

Mais l’existence d’une conduite descendant presque en droite ligne de Montmartre est une indication beaucoup plus rationnelle et dont il y a lieu de faire le rattachement aux Mémoires sur les antiquités romaines et gallo-romaines de Paris, par M. Jollois (Académie des inscriptions et belles-lettres, 2e série, tome I, page 1843).

Des remerciements seront adressés à M. Levassor pour son intéressante communication.

M. le Président annonce qu’il a reçu une lettre de M. Charles Blondel, architecte, se mettant à la disposition de la Commission pour l’exécution de travaux.

M. G. Cain, à ce propos, soumet à la Commission un relevé d’architecte représentant le regard du Pré-Saint-Gervais, commandé à M. Charles Blondel.

La Commission décide qu’une reproduction en sera annexée au procès-verbal et que des félicitations seront adressées à cet architecte.

M. le Président communique à la Commission la lettre suivante :

« Paris, le 25 octobre 1898.
Monsieur le Président,

M. Auburtin, architecte de la 3e section, me fait savoir que la porte d’entrée de la caserne de sapeurs-pompiers, 9, rue de Sévi-