Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 8.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faisant partie de ses additions à l’abbé Lebeuf. D’après cet auteur, cet immeuble serait l’une des deux maisons que l’abbé Jean-François-Robert Secousse, curé de Saint-Eustache, avait léguées, au siècle dernier, à sa paroisse. Après sa mort, cette maison, reconstruite par Mansart de Jouy, l’auteur du grand portail de Saint-Eustache, serait devenue une succursale du presbytère de cette paroisse ; les clefs des deux archivoltes qui en décorent la façade semblent en offrir la preuve. Sur l’une de ces clefs, on voit sculptés une lyre et d’autres instruments de musique, tandis que sur l’autre on a représenté une tête de cerf accompagnée de trompes de chasse et d’autres attributs cynégétiques. Or, ces derniers emblèmes sont bien ceux attribués autrefois au patron de l’église voisine, c’est-à-dire à Saint-Eustache, et les instruments de musique peuvent bien rappeler ici que la maîtrise de la paroisse y avait son siège.

M. Tesson. — Comme conclusions, la 1re Sous-commission propose :

1° De prier l’Administration d’informer la Commission du Vieux Paris de l’époque où l’immeuble sera vide de locataires pour qu’une visite minutieuse soit opérée dans toutes les parties, afin de faire distraire de l’adjudication les morceaux intéressants qui seront jugés dignes de figurer au musée Carnavalet ;

2° D’appeler tout spécialement l’attention de la 2e Sous-commission sur la démolition des substructions des bâtiments actuels ;

3° De renvoyer à la 3e Sous-commission ce qui concerne les reproductions suivantes, pour le cas où les cartons du musée Carnavalet ne contiendraient pas déjà des vues de ces vieux souvenirs :

Façade de la maison avec repérage sur les Halles ;

Fronton du bâtiment du fond ;

Façade et cage d’escalier du bâtiment de droite ;

Motifs sculptés des portes de paliers de ce bâtiment ;

4° De demander à l’Administration communication du plan de l’immeuble.


M. le Président soumet à la Commission ces propositions, qui sont adoptées.


M. André Laugier annonce à la Commission que le bruit court de la prochaine disparition de la caserne de gendarmerie des Minimes. Cette caserne, qui date du commencement du xviie siècle, possède une cour, ancien cloître du couvent des Minimes, avec des voûtes qui feraient de superbes préaux couverts pour une école. Il pense qu’en cas d’aliénation de ladite caserne, l’Administration municipale trouverait là un bâtiment facilement transformable en école, ce qui permettrait de conserver les parties intéressantes, la cour, par exemple. Il demande, en attendant, qu’une photographie soit faite de la cour et du dessous de la voûte.

Cette proposition est adoptée.


Le même membre propose également qu’une photographie soit faite du toit en dôme de l’ancien magasin de décors de la place Louvois, qui va prochainement disparaître.

Adopté.


Le même membre croit devoir signaler la délicate attention de l’architecte de l’immeuble construit tout récemment sur l’emplacement du passage Delorme, qui a fait réédifier dans le vestibule d’entrée des nouvelles constructions rue Saint-Honoré, des statues de style empire qui se trouvaient dans l’ancien passage. Une ancienne inscription gravée dans la pierre, rappelant la date de la construction du passage en 1809, a également été conservée.


M. Georges Cain annonce qu’il a reçu de M. Rochet, architecte du Gouvernement pour les bâtiments de l’ancien Mont-de-piété de la rue Bonaparte, l’offre de deux rampes en fer forgé de l’époque de Louis XIV.

M. Lucien Lambeau signale à ce sujet combien serait utile la possession du magasin dont le principe a été voté par la Commission et pour lequel la direction d’Architecture et le service des Beaux-arts n’ont pas encore rendu de réponse. Il serait tout indiqué pour le remisage, avant leur utilisation, des deux rampes offertes.

Des remerciements seront adressés à M. Rochet.


M. J. Périn demande à la Commission du Vieux Paris de témoigner sa vive satisfaction d’avoir vu la Chambre des députés, dans sa séance du 8 novembre 1898, adopter le projet de loi concernant le dégagement du musée de Cluny et de la Sorbonne et ratifiant la convention, en date du 24 octobre 1898, passée entre l’État et la Ville de Paris pour l’acquisition du terrain. L’adoption a eu lieu par 456 voix contre 25.