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dégradées sont surtout les motifs de décoration, avec sujet, des piliers supportant les Coupoles de ces chapelles.

Des joints de maçonnerie reparaissant sur le fonds des peintures, des taches de moisissure et d’humidité, des raccords assez récents faits sans grand soin et des chocs ayant mis par place la pierre à nu, rendent indispensable une restauration partielle de ces peintures dues à Orsel, Roger, Blondel et Périn, et pouvant être considérées comme des spécimens de décoration religieuse murale du règne de Louis-Philippe.

M. Brown signale à la Commission l’importance de ces peintures murales, œuvre du peintre Orsel et qui sont un curieux specimen de l’école de Lyon. À plusieurs reprises, la Commission administrative des beaux-arts a émis des vœux pressants pour la restauration de ces peintures, qui de jour en jour se détériorent. Il estime que la Commission du Vieux Paris a toute qualité pour émettre le vœu que l’Administration préfectorale veuille bien saisir le Conseil municipal de l’affaire.

M. Édouard Detaille partage l’avis de M. Brown et propose à la Commission d’émettre le vœu dont il s’agit.

Ce vœu est adopté.

M. Charles Sellier donne lecture du rapport suivant relatif aux fouilles exécutées à l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet :

« Messieurs,

Un historiographe du philanthrope Chamousset, M. Martin Ginouvier, a récemment découvert à la Bibliothèque nationale cette curieuse lettre de faire part :

« Vous êtes prié d’assister au convoi, service et enterrement de messire Claude-Humbert Piarron de Chamousset, chevalier, ci-devant conseiller du Roi, maître ordinaire en la chambre des Comptes, décédé en son hôtel, quai de la Tournelle, qui se feront ce jourd’hui mercredi 28 avril 1773, à neuf heures du matin, en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sa paroisse, où il sera inhumé, etc., etc.

De la part de M. le comte d’Amfreville, son oncle et exécuteur testamentaire. »

Le nom de Chamousset paraissait jusqu’à présent oublié, et cependant il eut son temps de juste célébrité. C’est à lui que Paris doit, pour l’échange régulier de sa correspondance urbaine, l’établissement de la petite poste. C’est à lui, « dont la tête, dit l’abbé Voisenon, était toujours en effervescence pour le bien de l’humanité », que l’on doit la réforme du régime des hôpitaux. Il créa en effet, à ses frais, un hôpital modèle, où chaque malade eut son lit, et fit ainsi tomber la funeste coutume de mettre plusieurs malades dans un même lit. Il eut la première idée des assurances contre l’incendie et des associations de secours mutuels pour les cas de maladie : c’est à ce dernier titre que les mutualistes le réclament pour leur précurseur et projettent de lui ériger une statue.

La découverte de la lettre de faire part de l’enterrement de Chamousset donna enfin à M. Martin Ginouvier l’idée de rechercher ses ossements avec son lieu de sépulture.

Avec l’autorisation du curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, des fouilles furent commencées à cet effet dans cette église, le 18 octobre dernier. D’après le procès-verbal dressé à l’issue de cette première opération, on trouva, renfermé dans un petit sac de laine noire : 1° un parchemin contenant ces mots : « Ci-gist Messire Claude-Humbert de Chamousset (Piarron de) » ; 2° un brevet, sur parchemin, de lieutenant-colonel, délivré par le marquis de Béthune, maréchal de camp, au sieur de Bézac, le 20 août 1749 ; 3° un soulier et un fragment de soulier, avec un morceau de ceinture en cuir, lequel était renfermé dans le petit sac. Ces objets furent découverts dans le caveau contigu à celui de la chapelle Sainte-Catherine et situé sous la nef du bas côté occidental.

Les recherches furent continuées huit jours après. On commença, cette fois, par l’exploration du caveau de la chapelle des fonts baptismaux. Là, on constata seulement la présence d’un entassement d’ossements humains mêlés à des gravois et des balayures. Puis on ouvrit de nouveau le caveau de la chapelle Sainte-Catherine où l’on ne rencontra encore que des ossements de même nature, sans aucun indice d’identité, mêlés aussi à des balayures. On visita ensuite le caveau contigu, c’est-à-dire celui où l’on avait fait, la semaine précédente, les trouvailles que nous venons de mentionner. Ce caveau était vide, sauf dans un coin : là, au fond d’une boite en bois qui ne semblait pas avoir été destinée à l’usage où nous la vîmes, gisaient des débris humains provenant de corps différents, et dont une grande partie des chairs subsistaient à l’état de mo-