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Avec ces débris de poteries, on a rencontré de nombreux fragments de roseaux et de divers végétaux, des morceaux de bois souvent ouvrés (planches, piquets) : les essences seront déterminées ultérieurement ; puis des débris osseux, en grand nombre, appartenant au bœuf, au cheval, au mouton, au sus. Plusieurs fragments de poteries présentent des traces de substances qui y étaient renfermées. Un fond d’amphore contenait une matière cireuse. Enfin, la présence de nombreux débris de cuir (surtout abondants dans les fouilles pratiquées par la Commission du Vieux Paris) donne un intérêt encore plus grand à ces découvertes. Ce cuir avait été tanné, et ce qu’on rencontrait n’était qu’un amas de rognures découpées sur le bord des peaux le plus souvent. C’est là un fait très rarement observé, ces cuirs étant de façon certaine d’époque gallo-romaine,

Dr Capitan et d’Ault du Mesnil. »

M. le Président pense que la Commission s’associera à lui pour adresser des remerciements à MM. le docteur Capitan et d’Ault du Mesnil pour leur intéressant rapport et félicite M. Charles Sellier pour le travail si complet dont il vient de donner lecture.

Adopté.

M. Charles Lucas constate, après cette lecture, que les fouilles ont produit peu de chose ; mais il croit savoir que certains objets ont été vendus, et il pense qu’une surveillance plus active devrait être organisée sur les lieux des fouilles.

M. Georges Villain félicite la Commission du résultat des fouilles très importantes du Petit-Pont. Il ajoute qu’il est utile de chercher à reconstituer le niveau du sol de l’ancien Paris. On devra profiter des travaux du Métropolitain et du chemin de fer d’Orléans pour faire une étude sérieuse du sous-sol ancien. Les observations de M. le docteur Capitan prouvent que l’on a trouvé des poteries gauloises sur la rive gauche, il est bien probable que l’on en trouverait également sur la rive droite, car la Grève était un port factice où les nautes remisaient leurs bateaux. Il pense qu’il serait peut-être intéressant de charger quelqu’un de suivre les fouilles pour la Commission du Vieux Paris.

M. le Président ajoute que M. Ch. Sellier, inspecteur des fouilles de la Ville de Paris, a été récemment désigné à cet effet par arrêté préfectoral. Il est, de plus, secrétaire de la 2e Sous-commission du Vieux Paris, chargée des fouilles et des démolitions :

M. Georges Villain demande alors quelle sera la personne chargée d’indiquer sur le plan de Paris les nouveaux repères du sol ancien ainsi que les découvertes archéologiques.

M. le Président répond que M. Ch. Sellier est chargé de ce travail.

M. Charles Lucas pense qu’il faudra tenir compte des différences de hauteur du sol et comparer la rive droite avec la rive gauche.

M. le Président dit que le fait intéressant des fouilles du Petit-Pont est l’existence d’une couche de sable de 15 centimètres entre deux masses tourbeuses. Il ajoute que ce fait ne doit pas résulter d’une inondation, mais probablement du passage d’un cours d’eau.

M. Georges Villain demande s’il ne serait pas possible de faire en amont et en aval des sondages pour déterminer l’étendue des dépôts de peaux cités dans le rapport. Il ajoute que des teinturiers en peaux existaient à cet endroit. On trouve, en effet, dans les délibérations de l’Hôtel-Dieu, la trace d’un scandale causé par deux religieuses de l’hôpital et un jeune ouvrier teinturier.


Création au musée Carnavalet d’un portefeuille de la sculpture décorative des anciennes maisons de Paris.

M. Lucien Lambeau donne lecture du rapport suivant fait au nom de la 3e Sous-commission :

« Messieurs, au cours de la séance du 2 juin 1898, nous avons déposé une proposition tendant à la création, au musée Carnavalet, d’un portefeuille de la sculpture décorative des anciennes maisons de Paris.

« Nous disions combien sont nombreux et variés les spécimens de la sculpture décorative et ornementale appliquée à la construction du vieux logis parisien ; nous rappelions ces têtes délicieuses de jeunes femmes formant clef de portes ou de fenêtres, ces mascarons curieusement sculptés en une diversitée presque infinie, ces supports ou consoles de balcons affectant les fantaisies les plus diverses, ces encadrements de fenêtres au dessin si délicat et si léger ; et encore les portes cochères, les boiseries intérieures, les rampes d’escalier, les appuis de croisées ».

Nous faisions remarquer combien il serait intéressant de créer une section spéciale qui viendrait s’ajouter aux autres sections for-