mand au lieu du frac français. Il était sérieux, chaste, pieux
sans cléricalisme » amateur de poésie dramatique. Mais il ne
se rendit pas compte tout le suite que dans le théâtre « réside
le germe et la moelle de tout développement national, tant
dans le domaine de la poésie que dans celui de la morale ».
Et cela parce que si le théâtre n’est pas aux mains des grands
enchanteurs, il tombe dans celles des « furies de la trivialité »,
les « gnomes grossiers de la jouissance désœuvrée » et
sous la direction des bureaucrates retraités. Infiniment pernicieux
ou infiniment salutaire est donc le rôle du théâtre.
Or, le fondement même de tout art théâtral est la pantomime,
qui n’est qu’une imitation de la nature. C’est là le réalisme,
la singerie, nécessité évidente, mais basse. En regard, le
poëte a le devoir d’interpréter ce réalisme, d’en reproduire
les qualités essentielles, d’en dégager le caractère. Et, par
cette limitation, il parviendra peu à peu à une représentation
de l’objet qui corresponde à la notion d’un idéal. Wagner
analyse ensuite le caractère du Français, ce mélange de
« singe et de tigre » (d’après Voltaire), devenu avec les
siècles un comédien si parfait, que l’Europe entière eut l’ambition
de le cootrcfairc. L’Allemagne s’y usa. Elle n’avait
pas observé qu’à Paris le public était immense et toujours
renouvelé, un théâtre finit par se spécialiser et une pièce
y tient l’affiche cent ou deux cents jours de suite. Sur la
scène des petites résidences allemandes, en » revanche, elle se
consomme en dix ou quinze fois. L’obligation d’avoir à distraire
tous les soirs un seul et même public créait donc une
difficulté capitale, à laquelle on ne put remédier qu’en enflant
le répertoire d’une quantité effroyable de pièces appartenant
à tous les temps et à toutes les nations. Expédient coûteux
et mauvais. Il fallut recourir au système des « abonnés » et
à la bourse des princes. Les uns et les autres eurent leurs
exigences. Il en résulta le chaos, et le Hoftheater devint
ainsi « le Panthéon de l’art moderne ». De là à mettre n’importe
quel livre, n’importe quel poème au théâtre » il n’y
avait qu’un pas. On le franchit. Il n’y en eut guère de plus
grand à faire pour les mettre en musique. On le sauta aussi.
Faust fut chanté ; le Guillaume Tell, de Schiller, retraduit
du français et vocalisé par Rossini.
Pour réagir contre ces blasphèmes » il fallait donc re-