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CHAPITRE II

L’IDYLLE DE TRIBSCHEN


« La femme de Wagner est morte, et son chien Pohl aussi. On pourra écrire maintenant un bel article sur son manque de cœur, puisqu’il n’a pas assisté à l’enterrement », mande Bülow à Ritter. Il s’agissait de l’enterrement de Minna ; car Wagner eut grand soin du cadavre de son vieux chien et lui fit creuser une tombe dans le jardin des « Artichauts », face au lac. Peu après, le terre-neuve Russ remplaça le disparu. Il est juste d’ajouter, toutefois, que Wagner écrivit à Natalie pour la prier de prendre soin du tombeau de sa « sœur » et s’engageait à payer les frais d’une stèle commémorative. Il offrit même spontanément à sa belle-fille de lui servir une modique pension alimentaire. Puis fut achevé dans la demi-solitude de Genève, le premier acte des Maîtres. Cosima vint alors rejoindre Wagner à Genève, et ils se mirent tous deux à la recherche d’une Thébaïde.

Dès cette époque, les amours secrètes de Munich prirent l’allure d’une liaison avouée. Ni l’un ni l’autre des amants ne tenait plus à sauver les apparences, à présent que la catastrophe bavaroise leur forçait la main. Et puisque Minna, en s’effaçant, laissait une partie du champ libre, il fallait amener peu à peu Louis II et Bülow à se convaincre de l’inéluctable. Les circonstances elles-mêmes devaient instruire ces deux aveugles.

Le 17 mars (1866) Wagner termine à Genève l’esquisse musicale des Maîtres Chanteurs. Puis l’on se mit à la recher­-