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CHAPITRE VII

apollon et marsyas
la révolution de dresde


Comme la révolution de 1830, celle de 1848 commença à Paris, où l’on aimait les idées presque autant que l’amour, et bien plus que l’argent ou la liberté. Les journées de février, qui devaient fonder l’État républicain démocratique, « étaient la conséquence naturelle de cette double initiation du dix-huitième siècle, qui conquit à la fois pour les classes lettrées la liberté de penser et pour les classes laborieuses la liberté d’agir. Elles étaient le terme où devait aboutir le gouvernement philosophique, critique, rationnel, libéral ou révolutionnaire, comme on voudra le nommer, qui, parti des hauteurs de la société, avait ébranlé une à une toutes les croyances sur lesquelles s’appuyait l’autorité de droit divin dans l’état féodal catholique et monarchique. On les peut considérer en même temps comme la manifestation la plus complète jusqu’ici de ce mouvement instinctif qui, agitant confusément les masses populaires, s’efforce, depuis 1791…, de substituer au droit divin le droit humain, cn un mot d’organiser la démocratie. »

Une femme de quarante ans écrivait ces lignes et s’improvisait l’historien passionné des événements qui se développaient sous ses fenêtres, à Paris. Elle était encore belle, mais son cœur altier ayant été déçu par un grand amour impossible, prenait maintenant sa revanche à la fois contre la