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L’OUVRIER D’IDÉAL


de modestie, presque de naïveté, et cette haute distinction d’âme qui, s’exprimant dans le geste, le sourire, le regard, enveloppait cet artiste si beau d’une grâce angélique. C’était la rencontre d’un dieu. Dans son paysage intérieur, Wagner n’aperçoit plus maintenant que le chevalier Lohengrin et le pianiste rayonnant, depuis peu installé à Weimar. On dit qu’il y vit dans une retraite amoureuse, riche de travail. Et l’on sait qu’il cherche à gagner des appuis utiles à l’auteur de Tannhaeuser. Liszt vient en effet d’en lire la partition avec une émotion intense.

Le héros imaginaire dont Wagner compose la brillante et pessimiste histoire, ei ce musicien légendaire dont il ignore tout, sinon que Tannhaeuser a bouleversé son âme puissante, tels sont les deux interlocuteurs de son esprit lorsque paraît au calendrier le mois de février de 1848.