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l’esprit récolter la vie et la gloire. Aucun artiste ou penseur n’est à l’abri d’une banqueroute morale ou d’une faillite des sens. Le désastre peut n’être que passager, l’obscurité artistique fugitive. Mais dans ce moment précis une œuvre a pu être conçue : œuvre de la chair, œuvre de l’être inférieur, le moment sublime de l’inspiration a été oublié. L’idéal a été obscurci par un nuage. La nature mauvaise que tout être humain, hélas, possède et porte en lui-même, a repris ses droits.

Il y a l’art pour l’Art ; il y a l’Art pour la vie, il y a aussi l’art pour la mort. Celui-ci est l’art pornographique. Cependant il y a un art, un savoir, qui est mis résolument au service de l’immoralité. Il y a des hommes, et aussi des femmes, qui s’y sont vus contraindre par les rigueurs de la vie matérielle. Des exploiteurs cyniques ont profité de ce que ces pauvres talents étaient portés par la misère, pour leur faire entrevoir un gain facile ou une vie lucrative. Telle cette pauvre jeune veuve, avec deux enfants en bas âge, et sans ressources qui, pour éviter la prostitution ou la misère noire, dut produire des dessins pour une feuille pornographique. Plus « les dessins étaient troublants », mieux ils lui étaient payés.