Page:Pourésy - La gangrène pornographique, 1908.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —

Il y a quelques mois, le tribunal correctionnel de T. avait à juger le vendeur d’une carte illustrée obscène. L’obscénité était telle qu’il eût fallu le huis-clos pour la faire circuler dans la salle d’audience. Le ministère public, à cause des dames, jeunes filles et enfants présents à l’audience, ne voulut pas aller jusqu’au bout de la description de l’image. Le Président du tribunal lui fit observer qu’il ne disait pas tout ; mais le substitut, d’un geste, lui montra le public. Dans sa plaidoirie, l’avocat s’en tint à ce que le ministère public avait reconnu et en profita pour faire une admirable charge contre le Parquet, contre M. Bérenger et contre le témoin. Le vendeur fut acquitté, mais le parquet fit appel et la Cour condamna à 16 francs d’amende. Or l’image était d’une obscénité inouïe, mais d’un mot on pouvait faire dévier sa signification. C’est ce qu’avait dû faire le ministère public pour ne pas réclamer le huis clos.

Si la répression exercée à l’égard des pornographes — et que nous trouvons vraiment trop peu fréquente — ne prouvait pas l’existence de la pornographie, nous ferions appel au bon sens et au bon goût de notre race. L’indignation qui se manifeste depuis une dizaine d’années, aussi