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cette définition, quelque peu arbitraire, on pourrait établir que la répression des outrages aux bonnes mœurs devrait suivre la même évolution progressive et régressive. Il n’en est pas ainsi, puisque les pénalités applicables restent les mêmes malgré la variabilité des mœurs. Nous ne saurions être d’accord avec cette prétention du procureur de D., car les « bonnes mœurs » sont un patrimoine d’expériences, de moyens, de principes, que les civilisations ont laissé comme la grande voie dans laquelle les peuples peuvent et doivent marcher. Les lois, tout en évoluant avec les mœurs générales, maintiennent cependant les mêmes obligations au respect du mien et du tien.

Pourquoi en serait-il autrement pour les bonnes mœurs ? Si les sociétés sont en progrès cela veut-il dire que le progrès doit être marqué par un relâchement des mœurs ? Nous ne le croyons pas.

Ainsi que le disait excellemment M. Gaston Richard, professeur de sociologie à l’Université de Bordeaux :

« Nos bonnes mœurs sont les maximes et les habitudes dont notre temps vit, celles qu’il a hérité du passé et qu’il doit léguer aux générations nouvelles. Elles procèdent de la conti-