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Notre directeur vous rendit visite et vous assura de notre entière sollicitude. Aujourd’hui nous venons vous renouveler l’assurance que nous restons à votre complète disposition, quoi qu’il arrive. Nous vous répétons que … étant d’une tenue impeccable tant par son texte que par ses gravures, il ne peut lui être fait aucun grief de licence, mais naturellement nous ne pouvons de là conclure que le journal soit spécialement écrit pour la jeunesse, non, au contraire, et nous vous prions même instamment de n’en faire la vente qu’aux personnes âgées d’au moins 16 ans.

D’un autre côté, nous vous prions d’apposer à un endroit visible la pancarte que nous vous envoyons et de ne plus afficher le numéro dans votre vitrine. Ceci dans un but de déférence vis-à-vis de la Ligue pour la sauvegarde de l’enfance, car nous prétendons que les premières pages de notre journal n’ont aucune portée immorale, et que le joli sexe y est représenté ni plus ni moins court vêtu que dans les catalogues de nouveautés[1].

Cette note a été adressée aux marchands de journaux d’une ville chef-lieu de département. Elle n’émane ni d’un moraliste, ni d’un parquet, ni d’un Comité de vigilance. Elle est signée du

  1. Il s’est trouvé un tribunal correctionnel français pour déclarer, dans un attendu stupéfiant, et devant cet aveu du journal lui-même, que « ses gravures et son texte étaient anodins ». Voilà qui est trop fort : les pornographes plus difficiles que des magistrats ! Bien entendu le tribunal a condamné le président du Comité de vigilance qui avait désigné ce journal comme obscène.