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la marchande, pour me tirer d’embarras, m’apporta l’album contenant les spécimens les plus obscènes, réservés aux clients sérieux. J’en ai fat un choix qui a révolté et écœuré tous ceux qui ont vu ces cartes.

Or ces cartes sont de provenance étrangère — l’impression, au recto, l’indique suffisamment ; le manque de lignes et de finesse, et le coloris les accusent d’origine allemande. D’ailleurs, elles sont vendues par des jeunes femmes allemandes, et dans un magasin c’est une fillette de moins de quatorze ans qui me les a offertes.

Nous nous trouvons donc en présence d’un commerce très florissant dans les villes où les étrangers passent leurs loisirs d’hiver. Les cartes malpropres sont affichées dans les magasins mêmes ; tout le monde peut les voir ; et peu de personnes s’en font faute ; les plus obscènes sont dans les albums. Cette marchandise est étrangère ; elle est vendue par des étrangers à des étrangers, qui s’en vont maudissant les lointains faubourgs de la grande Babylone moderne, et en déclarant que la France est un pays pourri, que les mœurs y sont dissolues, que les rues et les magasins sont envahis par des images obscènes ou graveleuses, et que les honnêtes gens qui viennent