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tac. Pourquoi ne pas répliquer à une gifle par un coup de pied ?…»

J’expliquai que mes observations dérivaient d’une tactique de combat sur laquelle le Congrès serait appelé à se prononcer. Je rappelai, à ce propos, l’émotion et la peur dont le monde capitaliste avait tressailli lorsque le camarade Guérard avait déclaré que la minime somme de 10 centimes… dépensée intelligemment,… suffirait à un ouvrier des chemins de fer pour mettre un train, attelé de puissantes machines à vapeur, dans l’impossibilité de démarrer.

Puis, rappelant que cette tactique révolutionnaire à laquelle je faisais allusion serait discutée au cours du Congrès, je conclus en déposant la proposition ci-dessous :

Le Congrès, reconnaissant qu’il est superflu de blâmer le gouvernement — qui est dans son rôle en serrant la bride aux travailleurs — engage les travailleurs municipaux à faire pour cent mille francs de dégâts dans les services de la Ville de Paris, pour récompenser M. de Selves de son veto.

C’était un pétard !… Et il ne fit pas long feu. Tout d’abord, la stupéfaction fut grande chez beaucoup de délégués qui, de prime abord, ne comprenaient pas le sens volontairement outrancier de la proposition.

Il y eut des protestations et l’ordre du jour pur et simple enterra ma proposition.

Qu’importait ! Le but visé était atteint : l’attention du Congrès était en éveil, la discussion était ouverte, la réflexion aguichée.

Aussi, quelques jours après, le rapport que la Commission du boycottage et du sabotage soumettait à l’assemblée syndicale était-il accueilli avec