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XIII



DE son côté, Paul se trouvait seul, enfin ; seul à Québec, loin des siens, déjà… Il s’en éloignera davantage, toujours, maintenant, quand il le voudra, quand il en aura le désir. Quelle curieuse impression ça lui fait, vraiment, d’être enfin maître de lui, de faire ce que bon lui semble, sans demander l’avis de personne… Libre !

Dans sa petite chambre d’hôtel, enfoncé béatement dans un fauteuil fatigué et boiteux, le premier soir qu’il se vit seul, il fut d’abord triste et essuya à plusieurs reprises une larme fugitive, au souvenir de tout ce qu’il venait de quitter. Mais l’insouciance revint bien vite ; une philosophie qu’il s’était faite à lui seul, l’emporta sur sa douleur, et, comme ces amoureux meurtris et froissés, qui veulent se reprendre à un nouvel amour, sur-le-champ, il