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dans de méchants bateaux, qui n’avaient, à vrai dire, rien de bien rassurant pour notre vie ; mais l’hiver, le trajet se faisait en voiture, nous l’avons dit, par le chemin St-Urbain, qui s’étendait, à travers les forêts et les montagnes, entre la baie des Ha ! Ha ! et la paroisse de Saint-Urbain, en arrière des Éboulements, dans le comté de Charlevoix ; de là, on gagnait Québec par Sainte-Anne de Beaupré.

Dieu sait si ces voyages étaient rudes ; surtout quand les malheureux voyageurs se faisaient surprendre par une de ces affreuses tempêtes de neige dont les Basses Laurentides semblent avoir la spécialité. Bêtes, gens et voitures ont souvent disparu dans une de ces bourrasques, sans que jamais plus on en ait entendu parler…

Quelques voyageurs font encore aujourd’hui ce même trajet ; notamment les maquignons de Charlevoix qui viennent brocanter leurs vieilles rosses au Saguenay et au Lac St-Jean ; mais les conditions du voyage sont loin d’être les mêmes qu’autrefois. Des campes, échelonnés tout le long de la route, permettent maintenant aux voyageurs, surpris par la tempête, d’en attendre la fin, au moins à l’abri et au chaud…

À dire vrai, le cœur de Paul était bien gros, quand, se retournant au fond de la voiture qui l’amenait vers Québec, il vit son village