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la patrie qu’ils venaient de quitter… Oui, que j’en ai vu partir, de ma paroisse même, de ces malheureuses familles, de ces pauvres pères chargés d’enfants !… Ici, leur grande famille était une bénédiction ; là-bas elle est un fardeau, car, là-bas, chaque enfant qui naît à l’ouvrier ajoute une inquiétude à sa vie inquiète ;… ici, c’est une aide de plus, car plus il y aura de bras, plus la terre s’agrandira. Là-bas, les santés s’étiolent et le salaire de pauvre ouvrier passe au médecin : ici, grâce à la vivifiante nature qui l’entoure, il est fort, vigoureux et beau d’une santé rayonnante… Ah ! l’horrible fléau de l’immigration, qui ne fait qu’éparpiller les forces de notre nationalité et les mettre les plus souvent au service d’intérêts hostiles à notre race et à ses plus légitimes aspirations… Je t’en prie, ne va pas condamner ainsi, à cause d’un caprice, cette belle vie du paysan et donner la préférence à celle que tant de nos malheureux compatriotes mènent aux États-Unis ;… Tu le sais bien, amour du foyer natal, respect aux traditions sacrées, existence sans fièvre, tout cela réside ici… Tu n’aimes pas cela, toi, c’est que tu n’as encore rien observé de cette belle vie. Au lieu de te porter, pour ainsi dire, dans son objet lui-même pour surprendre jusqu’à ses moindres effets avec les entours, tu as détaché un fait, tu l’isoles et l’élèves à la hauteur de ton regard ; cela