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d’homme, malgré l’extrême enfantillage de ses yeux…

Oh ! pourquoi est-ce donc tout de suite l’avenir ?…

Le soir, à l’heure où les chauves-souris commencent à sortir de leurs trous dans les vieux toits, Paul et Jeanne avaient joué bien souvent ensemble à des jeux innocents, pendant que les parents causaient et fumaient sur le seuil de la ferme et formaient mille projets pour l’avenir de ces deux chers enfants…

Tous les jours, quand Paul revenait des champs avec son père, il avait toujours quelques surprises à faire à sa petite voisine ; un jour, c’était un nid de rossignol, orné à l’intérieur de trois jolies boules bleues ; il s’en était donné de la peine pour attraper cette petite chose délicate qui se balançait à la cime d’un grand peuplier ; mais c’était pour Jeanne, et il n’y regardait pas de si près… Un autre jour, un « casseau » d’écorce rempli de grosses fraises rouges, ou un rayon de miel de taon trouvé sous une meule de foin, faisaient les frais de la surprise quotidienne…

En ce temps-là, certes, non, ce n’était pas encore de l’amour, ces attentions ingénues et délicates, mais ça ne devait pas tarder et cette camaraderie intime de l’enfance devait se changer bientôt en un sentiment plus solide et plus durable.