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V



PENDANT qu’elle voyait son Paul triste et découragé, que faisait Jeanne, la délicieuse fille du père François Morin, sa « fermière, » comme il l’appelait ?

Elle travaillait toujours, ferme et dur, la vaillante fille. Mais, devant son impuissance à retenir son fiancé au milieu d’eux, à la seule pensée de son départ possible, et en songeant qu’elle pourrait rester seule, longtemps peut-être, elle devenait triste aussi, et perdait beaucoup de son humeur joyeuse…

Jeanne était la femme d’intérieur, la femme de bon sens par excellence. Il fallait que cette soif de voyages et d’inconnu dont brûlait Paul fut bien puissante pour persévérer devant Jeanne.

La jeune fille était née dans la maison qu’elle dirigeait aujourd’hui. Son père, immigré, lui