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Dieu lui est témoin qu’il avait tapé dur pour l’ouvrir, cette terre…

En arrivant, l’indispensable « log house » avait été construit à l’aide des voisins ; puis, armés d’une bonne hache, Jacques et Paul, s’étaient attaqués à la forêt… À la solitude primitive avait succédé la fiévreuse activité du déboisement. En peu d’années, ils firent le désert autour d’eux… Les bois silencieux reculaient et donnaient la place à des champs verdoyants. Pendant cinq ans, les arbres tombèrent, tombèrent : … on domptait la nature, on subjuguait les éléments, on aplanissait les obstacles ; puis, à mesure, on ensemençait, on transformait, on embellissait…

Bientôt le temps de l’humble « log house » est passé et son œuvre est faite… Le moment est arrivé où il n’est plus nécessaire et on l’abandonne, le pauvre témoin des premières luttes, des efforts héroïques. Il est immédiatement remplacé par une maison meilleure, régulièrement construite, avec des chambres, une cuisine, de bonnes fenêtres et même quelques ornements…

Bref ! dix ans après, c’est la petite ferme blanche et coquette, que nous avons vue au bord de la route, au commencement de ce récit, et à l’une des fenêtres de laquelle rêvassait, un beau matin de fin de septembre, un grand jeune homme pâle et triste.