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nouvellent pas tous les ans ; on tient autant comme souvenir que par économie à conserver les anciens… vieux témoins des misères et des joies du passé…

Oui, Jacques Pelletier et sa famille eurent une larme, amère même, pour tant de si chers et si vieux souvenirs, et, un moment, ils se sentirent tout tristes à la pensée qu’ils ne les verraient plus jamais…

De plus, ils savent bien quels dangers ils courent pour l’avenir : ils n’ignorent pas les privations et les fatigues de toutes sortes auxquelles ils vont être exposés ; ils pressentent déjà les serrements de cœur de l’ennui et de l’isolement au fond de la forêt saguenayenne, loin des voisins peut-être. Mais cette perspective, peu souriante pourtant, les séduit et les attire davantage… ils voient leurs travaux bientôt récompensés ; et dans le mirage enchanteur de leurs vœux les plus ardents et de leurs plus chères espérances, ils saluent déjà avec allégresse une jolie ferme, semblable à celle qu’ils viennent de quitter.

L’avenir leur donna bien vite raison…

Ne nous attardons pas à suivre toutes les luttes, à compter toutes les sueurs de l’ancien paroissien de la Malbaie aux prises avec le coin de la forêt qu’il avait acheté à son arrivée, dans la paroisse de Bagotville, et qui devait être plus tard « sa terre ».