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sant devant l’église ou devant une croix, le long de la route, en croisant un enterrement ; il se signe à un grand coup de tonnerre ou aux fulgurations d’un éclair ; il dit son benedicite avant et après chaque repas. En dépit de toutes les lois qui cherchent à séparer l’autel de la tombe l’ombre des clochers de nos églises paroissiales s’allonge toujours, à midi, par delà le cimetière qui dort à côté… Nous n’avons pas encore vu d’enlèvements de croix, d’interdictions de processions, d’expulsions de sœurs, de violations de tombes, de pillages d’églises et de sacristies… Les cloches parlent encore de Dieu à tous les environs, et, chaque jour, le prêtre passe dans les demeures, visitant les vieux, bénissant les malades, caressant les petits enfants… Et les croix, les grandes croix noires, en bois, en plâtre ou en pierre, plantées partout dans les campagnes, le long des routes, au bord des lacs et des rivières, sur les collines ou dans les champs, les croix restent debout, au milieu de leurs enclos de palissades, toujours vénérées, toujours saluées, toujours pieusement entretenues…

…Oh ! qu’elle est étrange, dans nos campagnes, cette persistance à croire en un Dieu supplicié et à sans cesse élever des bras suppliants vers les siens, miséricordieux ! Tout ce qu’on dit contre cette croix, même dans notre pays si catholique, tout ce qu’on crie con-