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an et demi, à ce temps-ci, j’allais être un monsieur, et je suis un bouvier.

Je sais bien, à présent, chers parents, que je n’aurais pas dû vous quitter ; mais maintenant que c’est fait, il faut bien souffrir mon sort. Dans l’état où je suis, je n’oserais pas retourner parmi vous, bien que je sache que vous me recevriez avec joie ; et puis, il faut absolument que je change d’occupation. Il vaut autant que ce soit là-bas comme ici et il me semble que m’embarquer pour un autre pays, c’est tout ce qu’il me faut, bien que m’en aller plus loin de vous me fasse bien souffrir. Là-bas, je peux trouver une bonne place et me gagner un peu d’argent, alors je retournerai. Je sais bien à présent que je ne serai jamais riche.

Dans quelques jours alors je serai à des milliers de lieues encore plus loin de vous. Il ne faut pas prendre trop de peine pour cela ; ça ne sera pas pour longtemps. Que j’aie de la chance ou non, je reviendrai dans quelques temps et ça ne prolongera pas mon temps d’absence.

Dites à Jeanne qu’elle ne se décourage pas pour rien, que je l’aime toujours bien fort et que j’ai hâte de la voir et de l’embrasser comme vous tous. Que j’en aurai des choses alors à vous conter et aussi à me faire pardonner. C’est un temps de toutes sortes d’épreuves que