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nues : son amour pour Jeanne, ses promesses et ses serments de jeune homme, ses désirs, vagues d’abord, puis, plus précis, de voyages et d’inconnus ; son dégoût pour la terre, ses indécisions : — partirait-il ou bien se résoudrait-il à mourir sur la ferme ? — et puis le départ, début de sa vie d’homme, triste essai des ailes de sa liberté ; hélas ! aussi, commencement de l’exil et de la misère.

Comment tout cela finirait-il, mon Dieu !…

Oh ! qu’il était loin, qu’il était donc très loin, le temps où il attrapait des oiseaux et où, dans le bois, il rêvait comme un petit solitaire…

Non, il ne comprenait pas bien, dans cette physionomie des choses pourtant si douces qu’il entrevoyait, ce qu’il y avait de morne et d’anormal qui put lui serrer le cœur. Aussi, à la fin, par cette nuit aux teintes moroses, comme tout lui-même, il n’y tint plus et il se mit à pleurer ; à pleurer sur la vie qui n’est qu’un leurre, qu’une longue illusion et où il en est des âmes comme des fleurs…

Quand il se réveilla, au milieu d’un cauchemar, une lueur pâle, pâle, qui donnait froid, commençait à entrer par la fenêtre sans rideau…