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voûte de l’humble temple…

Paul voit tout cela ; il entend toutes ces harmonies, ce soir, pendant qu’il est là-haut, dans son étroite mansarde, sous le toit glacial où la bise glisse et siffle comme une couleuvre et que la lune, narquoise, le regarde, à travers la fenêtre, du haut du grand ciel noir cloué de myriades d’étoiles… Une girouette grince lugubrement sous l’effort du vent qui siffle toujours… Dig ! dig ! dig ! dong ! chantent quand même à ses oreilles les cloches de là-bas…

C’est égal, il est triste. Et puis, jamais tant de pensées à la fois n’étaient venues troubler sa tête de pauvre abandonné, depuis qu’il était sur la terre maudite de l’exil ; et il ne comprenait pas, ayant l’habitude de subir ses impressions sans en démêler le sens, comme les enfants. Par nature de campagnard, il était rêveur…

Parmi les gens qui ont grandi au milieu des champs, il y en a qui sont de vrais poètes muets ; ils peuvent tout comprendre et sentent tout ; seulement, ils ne savent pas donner de formes à leurs impressions qu’ils ne sont pas capables de traduire.

Paul était de ceux-là ; et, ce soir de Noël, seul, loin de tout ce qu’il aime, il rêve…

Ah ! ce qu’il y en avait, aussi, d’éléments de rêves durant les années si douces où, dans