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s’en faut, de ce temps-ci, la pauvre chère enfant, et c’est moi, ta vieille mère, qui prends aujourd’hui la plume pour te parler de nous ; tu m’excuseras, sachant que je ne peux pas mieux écrire.

Mon cher fils, je tenais à te dire que nous sommes bien dans la peine depuis bientôt un an que tu es parti ; on dirait vraiment que la prospérité ainsi que la joie nous ont quittés avec toi. L’année est dure par rapport aux grandes pluies qui sont tombées cet été et qui ont fait manquer complètement la récolte ; à vrai dire, il n’y a que la pièce de terre neuve du côté de la route qui nous a rapporté quelque chose. Je t’assure que nous sommes bien dans la peine et ton père est triste, et je crois qu’il se fait un grand tourment par rapport, comme je t’ai dit, à la mauvaise récolte même que je vois bien souvent, la nuit, qu’au lieu de dormir, il songe quasiment toujours. Moi aussi, je me fais bien souci de tout cela ; il y a des fois où le chagrin me prend et il me passe toutes sortes d’idées.

Mais qu’importe tout cela pourvu que le bon Dieu garde toujours mon pauvre garçon comme je le lui demande tant et qu’il ne puisse point lui arriver de mal, par mauvaise conduite. Si c’était ça, je serais trop malheureuse. Il nous vient de temps en temps à ton père et à moi, des idées qui nous font