Page:Potvin - Restons chez nous!, 1908.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 121 —

tantes d’un père ployant, seul, dans le champ, sous le fardeau du jour, les gémissements d’une mère dévorée d’inquiétudes, dont l’amour fera deviner, soyons-en sûrs, nos souffrances, nos misères, nos peines endurées là-bas ; les reproches mérités de nos frères, de nos sœurs, de nos amis abandonnés par nous ; ce que nous avons à faire pour ne pas, nous-mêmes, être obligés, un jour, de gémir, de pleurer sur le pays si loin, sur les parents si aimés, puis de mourir peut-être seuls, entourés d’étrangers et d’indifférents, sans avoir même la consolation, à l’heure suprême, de reposer nos yeux éteints sur un objet aimé de la patrie, une montagne, un arbre, par la fenêtre ; ce que nous avons à faire, enfin, c’est de « rester chez nous » !… de rester sur la terre, cette « grande amie » que Dieu nous a donnée, dont l’amour ne nous a jamais trompés, qui nous a vu naître, qui nous a vu vivre nos plus belles heures et qui espère, un jour, nous cacher dans son sein, à l’heure du grand départ, et faire croître sur notre tombe les fleurs dont elle est si prodigue…

Jeunes gens ; amis ! Restons chez nous ! Notre chez-nous, le chez-nous de nos pères ; plus tard, le chez-nous de nos enfants et de nos arrière-petits-enfants !…

Vivre aux États-Unis, dans les villes, nous ne le cachons pas, c’est un rêve que nous avons fait tous ou à peu près, que nous avons cares-