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qu’ils doivent occuper ; pendant ce temps, les nôtres, nos jeunes gens surtout, la plus fine fleur de la nationalité, quitteront leur place sur la terre, dans les industries, la donneront à ces nouveaux venus, et s’en iront quelquefois même au prix des plus grands sacrifices du cœur et de la bourse, se constituer les esclaves de quelque bourreau américain, de quelque potentat de la finance, ou du demi-dieu d’une puissante manufacture !… Et l’on ne leur donnera pas de primes à eux aussi, pour les aider à revenir sous le toit paternel ; et l’on n’ira pas les chercher, eux aussi, par la main, et l’on ne s’efforcera pas d’aplanir les difficultés, de renverser les nombreux obstacles qui s’opposent à leur retour peut-être ardemment désiré par eux ; et l’on ne les transportera pas, eux aussi, gratuitement ; et l’on ne leur donnera pas, à eux aussi, des terres à bas prix !…

Ah ! jeunes gens, amis, le mieux pour nous, pour ne pas risquer, là-bas, de pleurer au désir d’un retour rendu impossible par suite de fatales circonstances ; ce que nous avons à faire pour ne pas donner de force à une nation qui en profitera peut-être plus tard pour nous écraser ; pour ne pas, un jour, entendre la patrie nous faire un triste reproche de l’avoir affaiblie, de lui avoir enlevé goutte à goutte, le meilleur de son sang ; pour ne pas entendre continuellement à nos oreilles, les plaintes attris-