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laient chercher du travail dans les manufactures des États de l’Est ; les autres alimentaient la navigation des fleuves et des canaux où les Canadiens excellaient : quelques-uns allaient se louer comme manœuvre dans des ateliers ou des chantiers : d’autres enfin tentaient un commerce quelconque. Ceux qui se dirigeaient vers l’Ouest avaient presque tous pour but d’acheter des terres et de se faire cultivateurs. Enfin, un grand nombre de ces émigrants s’en allaient à New-York, Détroit, St-Louis et diverses autres villes et s’engageaient comme artisans, surtout comme tailleurs de pierre, débardeurs et menuisiers.

Mais tous ces motifs d’émigration dérivaient d’une cause commune et originelle : la difficulté qu’éprouvaient les Canadiens d’établir leurs nombreux enfants sur des fermes nouvelles dans leur propre pays. Plus des deux tiers alors de notre pays étaient inhabités : ce n’est donc pas qu’il manquât de terres vacantes ; mais la répulsion que les Canadiens ont éprouvée longtemps à sortir des anciennes seigneuries, le prix trop élevé des terres qui pouvaient se trouver à leur portée, le défaut absolu de communications pour pénétrer dans les grands territoires que le gouvernement possédait encore dans l’intérieur, apportaient les plus grandes difficultés à la formation de