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Serait-il exagéré, à présent, de dire que ces 250,000 compatriotes, émigrés aux États-Unis, tous jeunes en général, se sont au moins doublés, ci : 500,000 ; que les 50,000 Canadiens, à peu près, laissés dans l’Ouest, en un laps de 150 ans, peuvent bien être pris en ligne de compte pour cinq fois leur chiffre primitif — les Canadiens restés dans leur pays s’étant presque décuplés deux fois dans le même laps de temps — ci : 250,000 ; enfin, que les 35,000 coureurs de bois, traitants, voyageurs, dispersés ou perdus dans l’Ouest avant 1760 représentent aujourd’hui, ne se fussent-ils doublés que tous les trente ans, au moins 350,000 âmes ; on voit donc que notre calcul est extrêmement modéré si nous évaluons à 980,000 individus la déperdition éprouvée par la population canadienne : chiffre dont elle bénéficierait aujourd’hui si elle n’avait pas été constamment décimée par ces émigrations de toute nature.

Mais loin de nous la pensée de faire un seul reproche à ces frères canadiens émigrés aux États-Unis, surtout durant cette période qui s’étend de 1830 à 1850. De puissantes causes alors les forçaient de quitter leur pays pour un autre qu’ils n’aimaient pas, qui leur était même antipathique à plusieurs titres.

Tous ces émigrants étaient déterminés par des motifs nombreux et variés. Les uns al-