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nuit, s’il le faut… et ensuite, la fortune viendra.

Tout cela est encore, hélas ! bien vague. L’avenir lui donnera-t-il bientôt raison ; réalisera-t-il tant de si beaux espoirs ?

En tous cas, Paul, en ce moment, a-t-il un but précis vers lequel il puisse se diriger ; un plan bien arrêté, capable de le guider dans la recherche de cette fortune entêtée et si capricieuse ? Non, il n’avait pas le temps de s’occuper en ce moment de si minimes détails.

Lorsque l’on part pour un long voyage, il est utile aux esprits réfléchis de se tracer un itinéraire, de s’assurer à l’avance que, sur la route que l’on doit parcourir, on rencontrera ici, des relais, là, une source d’eau fraîche… Mais les esprits moins pondérés, plus volatiles, préfèrent le charme de l’inconnu ; ces ravissants panoramas qui se découvrent soudain au détour du chemin, ces vallées, ces bois dont on ne soupçonnait pas la présence, ces haies, ces barrières fleuries qui vous arrêtent tout-à-coup, vous barrent le passage et vous obligent à revenir en arrière, de revoir les paysages déjà vus, ces nuits à la belle étoile hantées de blanches visions, ces levers de soleil en pleine forêt… Tout cela est beau, sans doute : l’imprévu a des charmes, mais il est perfide, et que de désagréables surprises, cruelles même, il recèle souvent…