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LE « MEMBRE »

« Pardonnez mon indiscrétion, dit l’inconnu après un instant de silence. Je me promenais dans le parc, je me suis arrêté ici pour jouir de ce féerique coup d’œil d’un coucher de soleil automnal et, sans le vouloir, j’ai entendu la voix éloquente de la petite lumière de la grande tour… »

— Monsieur est étranger ? demanda Lamirande.

— Étranger, oui, mais je n’en connais pas moins tous les aspects de votre belle ville dont je foule l’asphalte depuis déjà plusieurs jours.

— Vous savez, monsieur, qu’il ne faut pas prendre au sérieux tout ce que je disais tout à l’heure… ou plutôt, ce que déclamait la petite lumière ; je blaguais un peu mon ami qui est précisément l’un de ces gouvernants « qui veillent », les soirs brille la petite lumière.

Lamirande, qui partageait profondément la politique du gouvernement actuel, avait peur d’en avoir trop dit devant cet étranger. Celui-ci demanda en s’adressant à Mansot :

« Alors, vous êtes député ?  »

— Permettez que je « nous » présente, dit plaisamment Lamirande : Mon ami, Donat Mansot, député de l’Achigan ; son ami et votre serviteur, Octave Lamirande, avocat, défenseur éloquent de la veuve, protecteur bienveillant de l’orphelin… Monsieur ?…

— Jas-Carl Mulrooney… banquier… New-York.

Les trois hommes se saluèrent.

« Je suis d’autant plus enchanté de vous connaître, Monsieur Mansot, dit l’étranger, que j’aurai probablement bientôt l’honneur de faire passer un bill à