Page:Potier de Courcy - Nobiliaire et armorial de Bretagne, 1890, tome 3.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
ORIGINE ET FORMATION

mais ils ont été appelés de leur position topographique, du voisinage de quelque pierre, montagne, arbre, etc., et tous ont une signification.

Dans la Haute-Bretagne, les noms de lieux se sont souvent composés d’un nom patronymique suivi des désinences aye, aie ou ais, et ière ou , qui deviennent ey et y en Normandie et sont synonymes d’ac en Gascogne.

Ainsi on trouve des :

  • Le Bel de la Bellière,
  • Belin de la Belinaye,
  • Bidé de la Bidière,
  • Bigot de Bigotière,
  • Blanchard de la Blanchardaye,
  • Breton de la Bretonnière,
  • Le Duc de la Ducheté,
  • Le Fer de la Ferrière,
  • Ferron de la Ferronnaye,
  • Hersart de la Hersardaye,
  • Leziart de la Leziardière,
  • Mancel de la Mancelière,
  • Martin de la Martinière,
  • Morin de la Morinaye,
  • Morice de la Moricière,
  • Piron de la Pironais.
  • Provost de la Provostaye ou Provosté,
  • Réau de la Réauté,
  • Robin de la Robinaye,
  • Vincent de la Vincendière.

Ces désinences doivent être prises dans le sens du pluriel : ainsi la Bellière, la Martinière, la Vincendière, ne signifient pas la demeure d’un le Bel, d’un Martin, d’un Vincent, mais plutôt des le Bel, des Martin, des Vincent.

Les noms de saints rappellent une chapelle ou un ermitage sous le vocable de ce saint ou habité anciennement par lui. Cependant quelques-uns ne sont pas des noms de lieux, mais des enseignes de marchands au moyen âge, dont ces marchands se sont fait des noms de famille ; c’est pour cela que nous avons tant de Sainte-Croix, Sainte-Marie, Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Jean, etc.

Les noms ou surnoms tirés de la forme du caractère, des qualités ou des défauts des individus, du mois de leur naissance ; les noms d’animaux et même les surnoms les plus grotesques peuvent appartenir à des familles d’ancienne extraction noble, aussi bien que les noms rappelant la patrie, comme le Gall, Gallois, le François, l’Anglois, le Normand, l’Angevin, Mancel, Picart, Bourgoing, Gascoing, le Valois Poilevin, Lionnais, Lallemand, Lombart ; mais on comprend que ces dernières familles ne sont pas originaires de Bretagne.

Les familles le Bret, Bretagne, le Breton, Larvor (l’armoricain) ont sans doute une origine bretonne, mais il a fallu qu’elles eussent émigré dans d’autres provinces, lorsqu’elles ont reçu leur appellation.

Beaucoup de noms sont des adjectifs en breton, composés d’un substantif suivi de l’augmentatif ec, euc, oc ou ac, suivant les dialectes, ou du diminutif ic. Le français a pareillement des augmentatifs qui sont ard, eau et u, et des diminutifs et, in, ot.

Ainsi le Guen, le Blanc, devient Guennec ou Guennoc, c’est-à-dire Blancart, Blanchard.
Scouarn, oreille, devient Scouarnec, c’est-à-dire oreillard.
Penn, tête, devient Pennec, c’est-à-dire Têtard ou Têtu.