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Louis XVIII

ples, mais belles et lucides, caractères distinctifs de son esprit : jouissant au suprême degré du don prestigieux de la parole, il possédait encore celui de dire des choses aimables et fines ; les mots heureux coulaient de sa bouche comme de source.

Sa mémoire était proverbiale ; il avait beaucoup appris, beaucoup retenu ; l’on peut dire même que dans sa vie tout entière il n’oublia rien ni personne.

Modeste et non pédant, amoureux des lettres et non de la célébrité, désireux de produire et non de se produire, il ne signa jamais aucune de ses œuvres politiques ou poétiques, — fables, quatrains, contes, épigrammes ou chansons ; ce désintéressement, cette réserve, ce mystère, est-ce là le fait d’un auguste pédant épris de ses œuvres, qu’applaudissaient à l’envi la cour et la ville, encore qu’elles n’en connussent pas la royale origine ? Quelles recherches longues, ardues, trop souvent décourageantes, n’a-t-il pas fallu pour retrouver les poésies de Louis XVIII, toujours anonymes ou pseudonymes, et disséminées la plupart dans mille recueils de la fin du dix-huitième siècle ! « C’est folie, disait Varron, que d’écrire quelque chose dans l’intention de le cacher[1]. » Mais il ne disait pas cela pour lesprinces.

Cœur haut et calme, âme énergique et clémente, caractère souple et fort, esprit imbu des maximes généreuses de la vraie philosophie, ferme et conci-

  1. Cicéron, Academic., Lib. I, 1.