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avait adopté pour règle de sa vie la vieille et prudente devise de la noble maison de Quélen : « En tout temps prends conseil. »

Les professeurs des princes étaient le philologue Radonvilliers, de l’Académie française, le physicien Nollet, — le vénérable et savant théologien Berthier, M. de Goëtlosquet, évêque de Limoges, — l’auteur des Devoirs d’un prince et des Principes de morale politique, le sage et docte Moreau, historiographe de France. Avec de tels maîtres, le comte de Provence fit de rapides progrès dans les sciences et les lettres ; à quinze ans la langue d’Horace et la plupart des langues vivantes lui étaient familières.

J’ai eu sous les yeux un précieux autographe[1], monument des premières études classiques du jeune prince, où perce déjà cette recherche exquise de langage, l’Horatii curiosa felicitas de Pétrone, recherche dont il ne se départit jamais.

  1. Appartenant à Madame la Princesse de Montholon-Sémonville. — C’est un extrait de l’Enéide, copié et traduit par le comte de Provence.

    « Talibus insidiis perjurique arte Sinonis
    « Credita res ; captique dolis lacrymisque coactis,
    « Quos neque Tydides, nec Larissoeus Achilles,
    « Non anni domuere decem, non mille carinae.


    « Ce fut par ces pièges et par l’artifice du parjure Sinon que la chose s’accrédita ; et ceux que le fils de Tydée, Achille, dix ans de siège et mille vaisseaux n’avaient pu vaincre, le furent par une fourberie et des larmes forcées... Virgile, Æn. L. 2. »