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CHAPITRE x.

THÉORIE DE M. SCHUSTER.


175.M. Schuster[1] apporte plusieurs modifications à la théorie de Sir Norman Lockyer sur l’évolution des étoiles. Il se demande pourquoi les étoiles dites gazeuses sont plus chaudes que les autres : ont-elles une atmosphère d’hydrogène parce qu’elles sont plus chaudes ; sont-elles au contraire plus chaudes parce qu’elles ont une atmosphère d’hydrogène ? Il semble qu’on puisse supposer que l’atmosphère d’hydrogène absorbe et arrête les radiations infrarouges, c’est-à-dire les radiations calorifiques. Une étoile à atmosphère d’hydrogène, dans ces conditions, perdrait moins de chaleur et par suite resterait plus chaude. L’atmosphère de l’étoile jouerait ainsi, en quelque sorte, le rôle d’une serre chaude, laissant passer les rayons lumineux, mais arrêtant la chaleur obscure.

Pour M. Schuster, les étoiles gazeuses sont, non seulement plus chaudes, mais aussi plus jeunes que les autres. Or, nous avons vu (Ch. VIII, Section III) que, pour une masse gazeuse en équilibre adiabatique rayonnant de la chaleur, la température doit aller en croissant avec le temps, fait qui tendrait plutôt à prouver que les étoiles chaudes sont les plus anciennes. D’après M. Schuster, ce n’est là qu’une contradiction apparente : la température observée est celle de la photosphère de l’étoile et non celle de son noyau ; les étoiles gazeuses auraient une photosphère plus chaude, mais leurs parties centrales seraient à une température moins élevée.

176.D’où provient maintenant la différence entre les spectres des étoiles gazeuses (étoiles à hydrogène) et les spectres des étoiles moins chaudes (étoiles à raies métalliques). La solution la plus simple est

  1. A. Schuster : The Evolution of Solar Stars (Astrophysical Journal, 1903, vol. xvii, p. 165-200).