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coup de mauvaises, se préoccupe avant tout d’éliminer à force de précautions les dernières erreurs systématiques et l’astronome lui répond : « Mais vous ne pourrez observer ainsi qu’un petit nombre d’étoiles ; les erreurs accidentelles ne disparaîtront pas ».

Que devons-nous conclure ? Faut-il continuer à appliquer la méthode des moindres carrés ? Nous devons distinguer : nous avons éliminé toutes les erreurs systématiques que nous avons pu soupçonner ; nous savons bien qu’il y en a encore, mais nous ne pouvons les découvrir ; cependant, il faut prendre un parti et adopter une valeur définitive, qui sera regardée comme la valeur probable ; pour cela, il est évident que ce que nous avons de mieux à faire, c’est d’appliquer la méthode de Gauss. Nous n’avons fait qu’appliquer une règle pratique se rapportant à la probabilité subjective. Il n’y a rien à dire.

Mais l’on veut aller plus loin et affirmer que non seulement la valeur probable est de tant, mais que l’erreur probable commise sur le résultat est de tant. Cela est absolument illégitime ; cela ne serait vrai que si nous étions sûrs que toutes les erreurs systématiques sont éliminées, et nous n’en savons absolument rien. Nous avons deux séries d’observations ; en appliquant la règle des moindres carrés, nous trouvons que l’erreur probable sur la première série est deux fois plus faible que sur la seconde. La seconde série peut cependant être meilleure que la première, parce que la